Et voilà… Cette fois c’est bien la fin de l’aventure. La boucle est bouclée !
Ce qu’on retiendra de cette dernière nav, c’est qu’elle n’aura pas été la plus rapide !
Thorsson a beau être un bateau qui avance bien, quand le vent fait des siennes on n’y peut pas grand-chose !
8 jours et demi, donc, pour effectuer les 1 200 milles de cette dernière nav, des Açores jusqu’à l’île d’Aix. A deux, le pilote automatique et le Mer-Veille ont été deux équipiers bien utiles, voire indispensables ! Sans oublier notre « équipier à terre », Michel, qui nous a envoyé chaque jour les infos météo sur l’iridium.
Mardi 8/07
15h30 Départ de Sao Miguel, sous les aux revoirs de BelleGaff et Bajada. A bientôt les amis !
Départ un peu précipité, comme je l’avais expliqué, à cause de la bonne fenêtre météo présente, et qui risquait fort de ne pas se représenter avant au moins une semaine.
Nous quittons donc à regrets ce magnifique archipel des Açores qui, malgré son climat un peu frais, restera parmi les meilleurs souvenirs de l’année.
Nous longeons l’île au vent de travers, puis au grand largue sous spi. Nous dépassons le bout de l’île en fin de soirée, on avance bien, entre 8 et 9,5 nœuds.
Mais à 20h, on se retrouve dans le dévent de l’île et on doit avancer au moteur jusqu’à minuit.Le spi est ensuite renvoyé pour le restant de la nuit…
Au revoir Sao Miguel !
Mercredi 9/07Une journée riche en événements…
Vent 15-20 nœuds. La matinée se passe sous spi, à bonne allure, avec des pointes de vitesse à plus de 14 nœuds. Il fait beau, mais le fond de l’air est bien frais.
Mais à midi, le spi éclate, se déchirant sur tout le bas… C’en est fini du spi !
On continue dons sous GV-génois. Le vent se maintient, et la mer se creuse.
Dans l’après-midi, le bout du hâle-bas casse, que Steph rafistole rapidement.
Les conditions sont assez difficiles, la mer est bien formée. On a même droit à un petit front, avec de la pluie.
Quant à moi, je crois bien que j’ai pris froid. Ah, ce n’est pas le moment de tomber malade !
Dans la nuit qui suit, la manille en tête de génois lâche, et celui-ci dégringole sur le pont !
Le spi, le hâle-bas, puis le génois… Pour nous le message est clair : notre Thorsson ne veut pas rentrer à la maison !
En pleine nuit, on plie le génois sur le pont et du coup on doit continuer sous trinquette. En effet, il faudrait monter en tête de mât pour récupérer la drisse du génois qui est restée en haut, et la mer est pour l’instant trop creusée pour tenter ce genre d’expédition…
Jeudi 10/07Aujourd’hui le vent est très irrégulier. La mer reste agitée. Il faut sans arrêt réduire et renvoyer de la toile. Je sens vraiment que je couve quelque chose, aussi je reste autant que possible à l’abri et laisse Steph s’occuper des réglages.
Vendredi 11/07Le vent poursuit sa rotation vers le nord, mais reste toujours très irrégulier et très instable (entre 8 et 20 nœuds), avec des grains fréquents. Il fait 17°C dans le bateau, et à l’extérieur il fait vraiment un froid de canard, avec un temps tout gris. Ah ! Elles sont bien loin les navigations en maillots de bain sous les cocotiers !
On est sous GV et trinquette, la drisse du génois étant toujours coincée en haut du mât. Il y a encore trop de mer pour hisser Steph, et puis de toutes façons, vu mon état je n’en aurais pas la force. En effet ça ne va pas fort : frissons, courbatures, mal de gorge, et grand état de faiblesse ! Je passe la journée couchée. Je m’aperçois que j’ai oublié de vérifier la pharmacie avant de quitter les Açores : grave erreur, il ne reste presque plus de paracétamol ! Si je me mets à avoir de la fièvre, je n’ai pas de quoi me soigner plus de deux jours… Et nous sommes à plus de quatre jours de La Rochelle (si le vent se maintient !)
Le soir, n’allant pas mieux, nous prenons la décision de nous dérouter vers La Corogne en Espagne, à un peu moins de 400 milles. Non pas que cela nous enchante, mais je ne veux pas prendre le risque de ne pas pouvoir me soigner si jamais la fièvre monte…
Nous demandons donc un point météo à Michel pour nous y rendre.
Steph assure sa deuxième nuit de quart tout seul, dormant par petites tranches de 20 minutes, alerté par l’alarme du Mer-Veille si jamais un bateau se trouve dans les parages…
Samedi 12/07Dès le matin, nous recevons sur l’iridium la réponse de Michel : ce n’est pas du tout le moment d’aller à La Corogne (sans doute du vent très fort de nord-est, comme souvent là-bas) !!! Que faire ?… Je suis toujours incapable de me mettre debout, mais je n’ai pas de fièvre… Alors on décide de continuer, et de remettre le cap sur La Rochelle !
Le vent est aujourd’hui plus régulier. L’après-midi, allant un peu mieux, je sors un peu prendre l’air, bien couverte ! Cela permet à Steph d’aller dormir un peu.
En fin d’après-midi, Steph trouve une solution pour récupérer la drisse du génois sans que j’aie à le hisser en haut du mât . Avec un gros hameçon, il nous fait un système à la Mac Gyver, et ça marche ! Nous récupérons ainsi notre drisse. Il ne restera plus qu’à hisser le génois.
Le soir, rechute pour moi ! Frissons, courbatures, et début de fièvre. Je pioche dans la faible réserve de paracétamol, et décide de commencer un traitement antibiotique.
En plus de gérer toute la nav, Steph doit ce soir gérer la cuisine, car je suis bien incapable de préparer à manger !
Nous restons sous trinquette pour la nuit, assurée une nouvelle fois par Steph seul. Comme si ce n’était pas assez galère, on prend le passage d’un petit front dans la nuit, peu actif mais bien pluvieux. Le vent passe à l’Ouest. On se retrouve donc vent arrière, et sans spi on n’avance pas bien vite, surtout sous trinquette. Nous relofons donc de 20° vers le nord. Sur la carte, notre route ressemble à un beau slalom !
Dimanche 13/07
Au petit matin, le ciel est bien gris, avec une petite bruine et un vent d’O faible.
Je me sens mieux, les antibiotiques c’est peut-être pas automatique mais ça semble faire de l’effet !
On se lance donc dans l’opération re-hissage du génois. Ça ne remplace pas le spi, mais ce sera toujours mieux que la trinquette. On avance entre 4,5 et 5,5 nœuds… bref, on se traîne !
A 14h, le vent est toujours à l’Ouest. On attend avec impatience la bascule Nord à la fin du front, pour nous retrouver sur une allure plus lofée.
A midi, je profite de ces conditions calmes pour préparer une gargantuesque omelette aux oignons-pommes de terre. Ah ! Ça fait du bien d’aller mieux !
On rêve aussi d’une bonne douche… ce serait pas du luxe ! Mais avec le temps gris et froid qu’il fait, la douche solaire ne chauffe pas, et hors de question de se doucher à l’eau froide ici ! Donc cela attendra.
Steph passe l’après-midi à dormir, il a du sommeil à rattraper ! Quant à moi, bien qu’encore très faible, je revis !!!
Je reçois un appel de Cath et Romain de BelleGaff, qui sont en route eux aussi, direction Gibraltar.
Depuis deux jours, nous apercevons régulièrement des souffles de baleines. Qu’elles restent à bonne distance du bateau, c’est tout ce qu’on leur demande !...
Nous croisons aussi quelques dauphins, qui chassent les bancs de thons en faisant des sauts impressionnants hors de l’eau.
Le soir, le vent tombe complètement. Nous mettons le moteur en marche, et avançons à 4,5 nœuds.
Lundi 14/07
Toujours au moteur…
L’après-midi, le soleil décide enfin de percer à travers les nuages, ce qui permet enfin à l’eau de la douche solaire de chauffer !
On profite du moteur (et donc des batteries pleines !) pour regarder quelques films sur l’ordi.
Puis nous passons une grande partie de la journée à observer les baleines. Il y en a partout ! C’est vraiment incroyable. Quel spectacle ! C’est inoubliable.
Nous parvenons enfin à nous doucher en fin d’après-midi avec de l’eau à peu près chaude. Quel bonheur !
Pétole !
Le soir, il n’y a toujours pas de vent… On décide malgré tout de stopper le moteur, car il nous reste encore 300 milles à parcourir, et si la pétole persiste nous n’aurons pas suffisamment de gasoil jusqu’à l’arrivée.
La mer est un véritable lac… Un minuscule souffle d’air de secteur Est nous permet de faire des pointes de vitesse à… 3 nœuds. Quel silence… On entend juste le bruit du souffle des baleines. Une d’entre elle a soufflé tellement près du bateau que cela nous a fait l’effet d’un brumisateur géant sur le pont !
Mardi 15/07
Toujours très peu de vent, et de secteur Est ! Non seulement on n’avance pas, mais en plus on est obligé de faire cap vers la Bretagne !!!…
Quelle galère… Je commence à faire des calculs : si le vent reste ainsi, on n’arrivera pas avant 5 jours !!!!
Grand beau temps en revanche. Dans la matinée, plus le moindre souffle. On remet le moteur en marche juste une petite heure, pour avoir l’impression d’avancer un minimum ! Mais il nous faut économiser les réserves…
Vers midi, un très faible souffle de secteur Nord-Est semble vouloir se mettre en place… et finit par s’établir en fin d’après-midi, passant même au Nord.
Ça y est ! Le vent revient !!!
Mercredi 16/07R.A.S ! Le vent est de retour, établi au NNO. On avance bien. Plus qu’une centaine de milles avant l’arrivée…
Dernière nuit en mer, où il faut être vigilant car nous croisons de nombreux bateaux de pêcheurs.
Jeudi 17/07
5h, nous passons Chassiron, la pointe nord de l’île d’Oléron.
Vers 6h, c’est avec joie que nous voyons arriver, à fond sur nous, la vedette de la station SNSM de l’île d’Aix, suivi par un autre bateau à moteur, avec à leur bord nos familles et quelques amis, qui ont eu le courage de se lever tôt pour venir nous accueillir!
Nous sommes donc escortés jusqu’à l’île d’Aix et cet accueil nous fait chaud au cœur ! Encore merci !
Même St Gourson a fait le déplacement !
Nous arrivons enfin au mouillage de l’Anse de la Croix, désert à cette heure-ci.
Et nous débarquons...
Puis c'est l'heure des retrouvailles !
Cette journée sera ponctuée par un apéro au CNIA, avec la famille et les amis (même si malheureusement certains n’ont pu être présents… mais pour ceux-là ce n’est que partie remise !)
Encore merci à vous tous...
Nous regagnons dès ce soir La Rochelle (port des Minimes, ponton 46).
Si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à vous y arrêter, il y aura sûrement du ti’punch au frais à bord !!!
A bientôt...