mardi 28 août 2007

Traversee du Golfe de Gascogne

Un petit aperçu de ces trois derniers jours :


Samedi 25 août
Départ de La Rochelle à 8h00. Grand soleil, petit vent de nord-est, mer belle, les conditions idéales pour partir. Nous envoyons le spi à la sortie du chenal, et après avoir passé le bout de l’île d’Oléron, nous mettons le cap au 347°, direction La Corogne en Espagne, à 400 milles de là. Ça y est, on est parti !
Les conditions sont excellentes. Vers 13h, nous mettons le pilote automatique en route, le temps d’une petite pause repas. Il fonctionne… !
J’installe une ligne derrière le bateau, sait-on jamais… mais nous ne prendrons rien de la journée. La seule chose qu’on a failli pêcher, c’est une mouette (idiote) qui suivait avec intérêt le poulpe en caoutchouc en bout de ligne, en faisant régulièrement des piqués pour essayer de venir le croquer. Eh bien, parti comme ça, on n’est pas prêt de bouffer du poisson. Remarquez, la mouette grillée, c’est peut-être pas mauvais.
La journée se passe tranquillement, le vent n’est pas très régulier, mais sous spi nous tenons une moyenne acceptable. A la tombée de la nuit, des dauphins viennent nous accompagner. Ils zigzaguent en passant au ras de l’étrave et laissent des traînées lumineuses dans l’eau phosphorescente, c’est super ! On se dit que si ces conditions persistent, la traversée va être idyllique…
Cela ne va malheureusement pas être le cas. Vers 23h, je vais dormir un peu et laisse Steph à la barre. Vers minuit il me réveille : le vent est bien monté, la houle aussi, il y a pas mal de bateaux de pêche aux alentours alors nous affalons le spi afin d’être plus manoeuvrant.
Après un affalage un peu périlleux, Steph va dormir à son tour et je prends la barre.
Au portant sans le spi, le bateau est beaucoup plus instable et plus dur à barrer. En plus, il y a de la houle qui croise dans deux directions différentes. Au large, très loin, j’aperçois quelques éclairs. Des nuages viennent voiler la lune, qui disparaît, et la nuit devient très noire. Pas très rassurant… On se relaie à la barre plusieurs fois dans la nuit.

Dimanche 26 août
Au petit matin (130 miles parcourus), le vent est encore assez fort (20/25 nds), nous affalons la grand-voile et ne laissons que le génois. On avance moins vite, mais le bateau est plus doux à la barre et nous mettons le pilote en route pour nous reposer un peu. Nous n’avons pas beaucoup dormi.
Puis le vent mollit, le grand beau temps revient, par contre il y a trois directions différentes de houle qui se croisent et ça brasse le bateau dans tous les sens. Cela empire dans la matinée et dans l’après-midi. On a l’impression d’être dans une cocotte-minute, une machine à laver, un shaker géant… appelez ça comme vous voudrez, toujours est-il que le bateau est ballotté dans tous les sens. C’est super inconfortable. En fin de matinée, je sens un petit mal de mer qui me gagne peu à peu… puis complètement ! Je laisse la barre à Steph et je m’allonge au fond du cockpit, essayant en vain de trouver un endroit confortable pour que ça passe. Je suis incapable d’avaler quelque chose, même le cachet « Mercalm » (porte bien son nom celui-là !) retourne direct à la mer. Le vent mollit à nouveau et c’est encore pire : le bateau ne prend plus appui avec le vent et nous sommes de plus en plus brassés dans tous les sens. L’après-midi passe, moi je « comate » au fond du bateau et je ne suis plus trop ce qui se passe autour… mais en fin d’après-midi je retrouve la forme. Le deuxième cachet a dû faire effet ! Après avoir mangé un peu, je reprends la barre pour que Steph aille à son tour se reposer.
Le vent remonte, la houle est un peu moins dans tous les sens et le bateau redevient beaucoup plus agréable à barrer. Mais par moment, le vent tombe complètement et tourne de 180°, nous obligeant à changer parfois de cap. En fin d’après-midi, nous décidons de mettre le cap sur Gijón, à environ 60 milles (La Corogne étant encore à 200 milles). Vers 19h, on aperçoit le premier phare de la côte nord espagnole. On pourrait penser qu’on est arrivé… mais il n’en est rien : le phare est visible à 40 milles de la côte et en avançant à 6 nœuds de moyenne vu le vent capricieux, l’arrivée à Gijón ne se fera pas avant 2h du matin. Nous continuons donc tranquillement. On accueille un passager clandestin : un petit moineau, pas du tout sauvage et sorti d’on ne sait où, qui vient se poser sur le bateau et fait deux bonnes heures de voyage avec nous. Par moment il part se dégourdir les ailes, puis il revient sur le bateau. On arrive même à l’approcher et à le caresser. Et oui, on s’occupe comme on peut, surtout qu’aujourd’hui, vu mon état, j’ai même pas mis une ligne à l’eau !
Vers minuit, il reste encore une quinzaine de milles à faire. Il y a de moins en moins de vent alors nous mettons le moteur en marche. A la cote, il y a de nombreux éclairs et on entend le tonnerre gronder au loin. Quelques minutes plus tard, des éclairs plus proches de nous zèbrent le ciel et de gros nuages d’orage se décalent lentement au-dessus de la mer. Je commence sérieusement à avoir la trouille (moi qui d’habitude aime tant les orages à terre !) Mais Thor - notre père - a décidé de ne pas nous enquiquiner davantage et les orages se décalent au large sans nous passer au-dessus de la tête. Ouf !
A 2h45, nous arrivons enfin dans l’entrée du port de Gijón, que nous connaissons déjà un peu pour y avoir fait escale l’été dernier. La fatigue commence à se faire vraiment sentir, on est cuit ! Grâce à MaxSea (logiciel de cartographie marine) et le petit GPS installés sur l’ordi, l’entrée dans le port se fait sans difficulté. Arrivés au ponton, on amarre le bateau, on range un peu, et on va enfin faire un gros dodo sur un bateau qui ne bouge plus d’un poil !


Piou-Piou notre copain, et Steph à la barre en arrivant à Gijón.


Lundi 27 août
Une vraie journée de vacances ! Réveil à 11h40 (le truc qui nous arrive jamais, mais là y’avait pas mal de sommeil à rattraper !), petite bouffe au soleil dans le cockpit puis baignade et surf à la plage de Gijón où il y a quelques vagues.
Une bonne journée de détente, la première, mais sûrement pas la dernière dans les semaines et les mois à venir !

2 commentaires:

syl a dit…

Mais par tous les Thor, quel récit !!!
Je savour cela avec passion...merci Pat.
Mercalm....il y a mieu pour vomir...une bonne cuite, et tu tourne dans le sens inverse de la houle, effet garanti.
On viens de passer une super journée avec Thierry et Fabienne à Lyon le Rhône était agité les lyonnais aussi et les mouettes ...heu y a pas de mouettes à Lyon!!!!
bon courage on attend la suite.
bizzzzzzzzzzzzzzzzzz.............................................

Anonyme a dit…

La mouette, elle était pas blonde des fois...??? oh, pardon!!!
Je vous avais abandonné quelques temps, mais je suis avec intérêt le récit des aventures. P't'ête même que j'vais vous brancher sur une maison d'édition... On parlera chiffre à votre retour! lol!
t'y est beau à la barre stéph!!
Biz+++