lundi 31 décembre 2007

Traversée de l’Atlantique

Bon, on est un peu en retard pour les nouvelles, mais le rythme antillais est dur a suivre...


11 jours et 7 heures, c’est le temps qu’il nous aura fallu pour traverser du Cap Vert à La Barbade, soit une vitesse moyenne de 7,6 nœuds (environ 170h sous spi).
Ce fut une belle traversée, et une belle expérience. Dans l’ensemble nous avons eu de bonnes conditions de vent et de mer. A quatre à bord, le temps est passé vite, l’ambiance était bonne, et le fait d’être à quatre fut plus reposant pour les quarts de nuit.
Petit résumé de ces 11 jours en mer :

Dimanche 16 décembre
Mindelo, 10h. Le dernier ravitaillement en produits frais est fait, tout est chargé, rangé, calé, il ne reste plus que le plein d’eau à faire. Problème : pas d’eau disponible au ponton depuis deux jours… C’est donc au port de pêche, situé un peu plus loin dans la baie de Mindelo, que nous faisons notre plein de 300 litres au moyen de bouteilles de 5 litres que nous allons remplir à un robinet (je vous laisse faire le calcul du nombre d’aller-retours…)
Enfin à 12h nous sommes fins prêts et c’est le départ. Nous prenons l’habituelle accélération du vent dans le canal entre Sao Vicente et Santo Antao (quand même moins fort que la première fois), mais quelques heures plus tard, plus rien sous le vent de l’île.
Passé le dévent, le vent remonte en fin d’après-midi à 15-20 nœuds d’E-NE.
La première nuit se passe calmement, sans le spi.
Lundi 17 décembre (jour 1 : 175 milles)
L’échauffement est terminé et les choses sérieuses commencent : le spi est envoyé dès le lever du jour. Le vent est au NE, 15 nœuds.



Dans la matinée, Pascal nous remonte deux dorades coryphènes, et dans la bataille nous perdons un seau (un de plus…).







Mardi 18 décembre (jour 2 : 193 milles)
Temps nuageux, vent faible de NE. Le spi est renvoyé dès le matin.
Journée tranquille. On rate une dorade qui se décroche.
En soirée, nous croisons la route d’un cargo, qu’Olivier contacte par VHF.



On garde le spi pour la nuit, et les capitaines m’offrent une nuit complète sans quarts à assurer, car je suis un peu crevée ! Toujours un peu de mal à trouver un rythme et à récupérer correctement.

Mercredi 19 décembre (jour 3 : 185 milles)
Sale journée pour la pêche : 3 bas de lignes cassés, par on ne sait quels monstres marins… Il ne nous reste plus qu’un seul leurre, qui jusque-là n’avait jamais fait ses preuves, mais qui nous permet d’attraper une dorade en fin d’après-midi. Elle tombe à pic pour le dîner !
La nuit est agitée. On prend quelques grains, sous lesquels le vent se renforce. Steph et Olivier affalent le spi vers 3h et on finit la nuit avec la GV et le génois en ciseaux.

Jeudi 20 décembre (jour 4 : 192 milles)
Le matin, la mer est encore forte, le vent E-NE 25 nœuds.
On sent une nette hausse de température, aussi bien de l’air que de l’eau.
Chaque jour, en progressant vers l’ouest, la nuit tombe un peu plus tard (et le jour se lève un peu plus tard lui aussi). .
Le vent mollit à 12 nœuds, le spi est renvoyé. Le drame : on se fait casser à nouveau notre ligne et on perd le dernier leurre qu’il nous restait… Pas cool.
En soirée, on attaque des parties de yam’s pour s’occuper.
La nuit est calme et reposante. On garde le spi et faisons chacun des quarts de 1h30. Avec la lune, la visibilité est excellente.

Vendredi 21 décembre (jour 5 : 184 milles)
Dès le matin, une journée très chaude s’annonce. Peu de nuages et un soleil qui tape fort.
Il faut trouver un moyen de pêcher ! Steph se lance donc dans la fabrication d’un leurre avec un morceau d’écoute rouge, qu’il effiloche (on avait lu ça sur internet, il paraît que ça marche !). Quelques écrous en guise de plombs, et cette fois on met un bas de ligne acier (merci papa…). Puis nous mettons tout ça à l’eau…
Nous passons l’après-midi entre siestes et « baignades » accrochés derrière le bateau, car il n’y a que mouillé qu’on arrive à rester sur le pont en plein soleil.



En fin d’après-midi l’élastique de la ligne se tend et Olivier remonte une grosse dorade coryphène, un beau morceau, la plus grosse pêchée jusqu’à maintenant. Super le leurre fabrication maison !!!
Il va cependant falloir qu’on trouve une autre technique pour tuer ces pauvres poissons, à qui à chaque fois on coupe sauvagement la tête alors qu’ils vivent encore (et qui continuent à se tortiller la tête coupée)… beurk !
Nouvelle soirée culinaire en perspective : papillotes de dorade à la tomate, papillotes au lait de coco, et marinade de poisson cru.
Et on arrose (sans alcool) la moitié du chemin parcouru, autour d’une partie de yam’s, puis d’un concert de jumbae improvisé sur casseroles!



Nous prenons un gros grain pluvieux dans la nuit, qui rince bien le bateau, mais sans trop de vent dessous.


Samedi 22 décembre (jour 6 : 166 milles)
Toujours sous spi, vent d’est 15/20 nœuds.
Dans la matinée on aperçoit un voilier à quelques milles au nord. Olivier le contacte par VHF : ce sont des Français, partis des Canaries et en route pour la Guadeloupe.
La journée est couverte et ponctuée de nombreux grains, nous amenant de grosses averses.




Le vent devient de plus en plus faible et en fin d’après-midi il tombe complètement. Le spi est affalé. L’horizon est chargé de nuages noirs et le vent passe au sud, avant de repasser sud-est puis à nouveau est. Avec ce temps perturbé nous gardons les voiles en ciseaux pour la nuit.


Dimanche 23 décembre (jour 7 : 153 milles)
Le ciel s’est à nouveau dégagé mais le vent reste faible. On renvoie donc le spi.
Dans la matinée le vent remonte et Thorsson file à nouveau entre 8 et 9 nœuds. Des conditions excellentes ! Une belle journée chaude, avec au programme alternance de siestes, baignades, lecture et barre.



La nuit qui suit est magnifique, sans doute la plus belle nuit depuis le départ, durant laquelle nous assurons des quarts de 3h par deux. Le ciel est bien dégagé, et avec la pleine lune on y voit comme en plein jour !

Lundi 24 décembre (jour 8 : 184 miles)
Encore plus à l’ouest, et le décalage du lever du jour continue !
Les conditions de cette nuit ont été vraiment excellentes.
A 11h30 TU, comme chaque matin, nous captons la météo sur RFI, qui nous prévoit pour les 24h à venir du vent de SE 4 à 5. Etant positionné un peu plus au nord que la route prévue initialement, on ne pouvait espérer meilleure orientation pour venir se recaler sur notre route.
Nouveau drame en ce lundi matin : nous perdons notre dernier seau. Il repose désormais par 5 000 mètres de fond. (cela ne fera jamais que le quatrième depuis le départ de La Rochelle…)




En fin d’après-midi, nous entamons les préparatifs pour notre réveillon de Noël. Au menu : magret de canard fumé, foie gras et confitures de figues, confit de canard et pommes de terre. Pas de bûche glacée, ni de champagne, ni de vin.


Même Thorsson a droit à une petite décoration de circonstances !

Une nuit de Noël calme, sous spi, avec un vent faible.




Mardi 25 décembre (jour 9 : 159 milles)
Vent d’E faible, et très chaud. Une belle journée de Noël !
On installe une grande bâche en tissu pour faire un peu d’ombre dans le cockpit, car c’est intenable !




Notre vitesse atteint péniblement les 5/6 nœuds. Idéal pour la pêche ! On remet la ligne à traîner, et dans la matinée l’élastique se tend brutalement. Ça tire dur ! Steph remonte la ligne : c’est une énorme dorade coryphène ! Vraiment, le leurre que Steph a fabriqué s’avère terriblement efficace pour les grosses prises !




Il faut alors passer à la mise à mort du bestiau, qui fait des cabriole dans le cockpit en faisant gicler du sang et des écailles de tous les côtés, et en envoyant des grands coups de queue (et paf ! dans le nez d’Olivier !...). Inutile d’essayer de lui couper la tête comme aux autres, ce serait peine perdue ! Olivier réussit enfin à l’immobiliser et on opte pour la technique de l’alcool à 90° versé dans les ouïes. Puis on attend… La méthode est radicale : la dorade coryphène nous fait un coma éthylique instantané et meurt en quelques minutes.
Steph vide et découpe la dorade avec l’aide de Pascal. Il y a à manger pour un régiment !
Ensuite un grand nettoyage du bateau s’impose, il y a du sang et des écailles partout ! Puis c’est ateliers cuisine : filets de dorade frits, dorade en papillotes, marinade, et rillettes de dorade ! Ça nous prend une bonne partie de la journée et pendant ce temps, le vent de SE est repassé au NE en se renforçant un peu. Thorsson continue de filer sous spi au 280°, entre 7 et 8 nœuds de vitesse.
Puis c’est une nouvelle nuit qui commence, la 10ème depuis le départ.
La nuit étant calme et dégagée, nous gardons le spi, continuant notre rythme de quart de 1h30 chacun. Mais pendant mon quart, de vilains nuages noirs se développent derrière nous en se rapprochant. Je réveille donc Steph, rejoint quelques minutes plus tard par Olivier. D’autres développements orageux apparaissent aux alentours, il faut être vigilent.
Finalement, le vent ne montera pas plus que ça, mais suffisamment quand même sous les grains pour que Thorsson se maintienne à une vitesse entre 7 et 9 nœuds.


Mercredi 26 décembre (jour 10 : 170 milles)
Nous approchons de l’arrivée…
N’ayant pas changé d’heure depuis le Cap Vert (TU -1h), la nuit tombe beaucoup plus tard à notre montre et le premier quart ne commence qu’à 22h (TU -1h), tandis que le dernier quart se termine à 9h le matin ! A vrai dire, l’heure en elle-même n’a pas vraiment d’importance puisque nos journées et nos nuits sont calées et organisés selon le soleil !
Encore une journée sous spi, et de plus en plus chaud malgré le vent de NE qui souffle aujourd’hui entre 15 et 20 nœuds.
Au menu de tous nos repas, c’est dorade coryphène à toutes les sauces ! Si seulement on pouvait pêcher des côtes de bœuf…
Le bateau va avoir besoin d’un bon nettoyage en arrivant ! Ça pue le poisson, et par terre ça colle, il y a du riz (suite à une chute de casserole), du pain, du jus de poisson, de l’eau de mer… Les draps, duvets, shorts et tee-shirts sont salés, humides, pleins de crème solaire…
Nous changeons finalement d’heure : on recule la montre la montre de 3h, nous sommes donc désormais à TU-4h. Nous gardons le spi toute la journée. Mais en première partie de nuit, après de longs surfs entre 13 et 14 nœuds, Steph et Olivier l’affalent, le vent montant de plus en plus et la mer devenant forte. En plus, la lune se lève tard et il fait noir noir noir ! On finit donc la nuit avec génois et GV (1 ris) en ciseaux. Le vent se maintient entre 20 et 25 nœuds et le bateau est dur à la barre. Il manque de puissance mais part comme une luge dans les vagues, avec des pointes entre12 et 13 nœuds.


Jeudi 27 décembre (jour 11 : 194 milles)
Une belle moyenne sur ces dernières 24h !
A 9h (heure locale), il nous reste 63 milles à parcourir. Le vent se maintient à 20/25 nœuds et la mer reste forte. Un concours de pointe de vitesse s’organise à bord et Olivier le remporte avec une pointe à 15,1 nds. Puis la dernière journée se poursuit sous pilote automatique, qui fait de belles embardées avec la houle croisée (ce qui permet à Pascal de faire une jolie figure de style en glissant sur la semoule qui s’est renversée dans le fond du bateau.)
A 13h30, on commence à apercevoir l’île de La Barbade. On arrive !
A 16h, après avoir longé la côte est de l’île, nous jetons l’ancre dans la baie de Bridgetown, où nous attend l’équipage de BelleGaff.





Du vendredi 28 au dimanche 30 décembre
Nous voilà donc à La Barbade depuis 3 jours, et nous nous y plaisons bien !
Il fait chaud (quelques averses viennent parfois nous rafraîchir un peu), l’eau turquoise est à 27/28°C, le sable est blanc et fin comme de la farine, on nage parmi les tortues et les poissons tropicaux autour du bateau et on fait des dégustations de rhum local avec l’équipage de BelleGaff (la nuit tombe à 18h, il faut bien s’occuper… à consommer avec modération cependant…)
Les habitants ici sont d’une gentillesse incroyable, aimables, tout sourire, et toujours prêts à rendre service.
Les différentes villes de l’île sont très animées, et nombre de signes rappellent nettement la culture anglaise (magasins, nourriture, décorations de Noël,…), à laquelle se mêle une joyeuse ambiance, musique, rastas à tous les coins de rue, petits étalages de fruits, légumes, cacahuètes, sucreries, colliers… Il en ressort un joyeux tumulte et une atmosphère qu’on va qualifier de « no stress » ! Cependant, se balader en ville la nuit est fortement déconseillé…
Samedi nous avons pris le bus pour nous balader un peu dans l’île. Les chauffeurs ont une conduite plus que sportive. On pense que pour obtenir leur permis ils doivent sans doute aller le plus vite possible, freiner toujours au dernier moment, klaxonner cinquante fois à la minute et avoir la musique à fond (et bien sûr rouler à gauche).
L’île est très verte, bordée de belles plages de sable blanc avec les inévitables cocotiers !




Voilà pour les dernières nouvelles.
Nous allons fêter le 1er de l’an ici, puis d’ici quelques jours nous remonterons vers la Guadeloupe.
Bonne annee a tous ! Et merci pour tous vos petits messages !

samedi 15 décembre 2007

Départ imminent pour la transat !

Et voilà, notre séjour au Cap Vert se termine.
Ce que nous en retiendrons : une jolie destination, certes, avec une grande diversité de paysages, mais sûrement plus intéressante à découvrir en randonnée plutôt qu’en bateau. En effet, la navigation n’y est pas facile, avec des accélérations violentes du vent à certains endroits et peu de mouillages bien abrités.
Nous aurions aimé découvrir davantage de petits villages, dont les habitants sont tellement plus simples, gentils et accueillants. Les grandes villes, avec leurs mouillages sûrs, ont malheureusement souvent été nos lieux d’escale.
Une autre petite déception : la musique capverdienne, qu’on devait soi-disant trouver à tous les coins de rues… Rien du tout ! À part à Mindelo dans quelques lieux très touristiques et pas du tout authentiques !
Nous garderons néanmoins de bons souvenirs du Cap Vert, surtout les quatre jours passés à Santo Antao, île magnifique, ainsi que le joli mouillage de Boa Vista.

Hier nous avons récupéré Olivier et Pascal à Sal et nous avons navigué toute la nuit pour rejoindre Mindelo, où nous allons faire le plein d’eau et un dernier ravitaillement. Nous comptons partir demain dimanche, dans la journée (sauf imprévu de dernière minute !)
Il y a 2 000 milles à parcourir jusqu’à La Barbade. Nous espérons mettre moins de 15 jours, avec de bonnes conditions de vent c’est tout à fait envisageable. Mais c’est la météo qui décidera ! Noël se fera donc cette année au milieu de l’Atlantique, mais nous aimerions bien arriver de l’autre côté avant le 31 décembre pour fêter la nouvelle année avec quelques équipages qu’on doit retrouver là-bas !

On vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d’année.

A bientôt…de l’autre côté !

jeudi 13 décembre 2007

De Santiago à Boavista

Les nouvelles de ces huit derniers jours :

Du mercredi 5/12 au samedi 8/12
Nous avons passé quatre jours dans la baie de Praia, un endroit qui ne restera pas gravé dans nos mémoires, si ce n’est que le mouillage, très convivial, fut l’occasion de nouvelles rencontres : les Nantais Philippe, Bénédicte et leurs enfants Léon et Ulysse sur VERONIKA, les Suisses Ben et Fred sur DIRA, les Bretons Jean-Claude et Mireille sur EÄRENDIL, avec qui nous avons passé de bons moments et de bonnes soirées.
La ville de Praia : bof… une grande ville, que l’on n’a pas appréciée plus que ça. Les étalages de fruits, légumes, et guenilles de toutes sortes étaient cependant spectaculaires. Mais les relations avec les gens sont spéciales. Dès que l’on se fait aborder, cela se passe toujours de la même manière : la conversation commence de façon très amicale et sympathique, l’échange est souvent même intéressant, mais se termine malheureusement systématiquement par une demande d’argent ou d’achat de quelque chose. À la longue c’est pénible, et il faut être attentif car on a vite fait de se faire avoir (les Sénégalais, nombreux au Cap Vert, sont très forts à ce petit jeu !). On en est donc arrivé à ignorer et repousser ce genre de contact, c’est dommage. On a souvent trouvé ce problème dans les grandes villes du Cap Vert (Santa Maria, Mindelo, Praia), alors que les habitants des petites villes et villages sont si accueillants et sympathiques, sans rien attendre en retour. Mais en bateau, il est malheureusement difficile d’éviter les grandes villes, car c’est justement là que se trouvent les seuls mouillages sûrs du Cap Vert !
Du coup, à Praia, nous sommes pas mal restés au mouillage en compagnie des autres bateaux (même pas de baignade, les égouts s’évacuaient non loin de là avec une odeur tenace…). Pas trop envie de bouger pour visiter Santiago, et un peu refroidis par les agressions fréquentes qui ont lieu dans l’île (Jean-Claude et Mireille en ont d’ailleurs fait les frais). On a donc profité de cette escale pour remettre nos estomacs en forme (c’est chose faite !), et pour apprendre à utiliser le sextant. St Gourson nous en a prêté un superbe avant que nous partions, et nous avait expliqué les bases de son fonctionnement, mais on n’avait pas encore mis en application.
La matinée du samedi fut donc consacrée à jongler avec les sinus, cosinus, hauteurs de soleil, degrés, minutes, secondes, un charabia et des formules pas possibles… avec Fred (le Suisse) dans le rôle du prof. Bref, après plus de deux heures, les calculs ont confirmé qu’on se trouvait bien aux alentours de Praia (à 3 milles près). Quel soulagement !
Franchement, pourquoi faire simple et rapide avec le GPS, alors qu’on peut faire tellement plus long et compliqué avec le sextant ?!!!
Non, plus sérieusement, c’est bien de savoir utiliser cet instrument de dingue, ça peut toujours servir. Mais j’attends de voir ce que ça va donner quand il faudra l’utiliser en pleine mer !

Dimanche 9 décembre
Nous quittons la baie de Praia vers 13h, direction Boavista (au 20°). Contents de partir !
Dès le départ, en longeant la côte, le vent est beaucoup plus nord que prévu (au 40°). Aïe, ça promet une nav encore longue et fatigante, avec de nombreux bords à tirer si le vent reste ainsi. On hésite… demi-tour ou pas ?... Heureusement, en s’écartant de la côte, (et grâce à une remarquable observation des nuages par Steph !) le vent est plus à l’est, et nous permet d’envisager une remontée vers Boavista quasiment en un seul bord. Ouf !
La nuit tombe, et finalement ce sera une nav agréable, avec un vent mollissant, une mer peu agitée et de nombreux dauphins.

De lundi 10/12 à mercredi 12/12
Lundi, nous arrivons vers 9h au mouillage de Sal Rei, bien protégé et situé à l’ouest de l’île de Boavista. La grande baie est bordée d’une belle plage de sable blanc. Et quel bonheur de retrouver une belle eau bleue et claire, qui ne sent pas les égouts ! Ici, on respire à nouveau !

(Le mouillage et la baie de Sal Rei)

Peu de temps après avoir jeté l’ancre, j’aperçois en surface une grosse tortue ; les plages de Boavista sont un lieu de reproduction pour ces animaux.
Une heure plus tard, EÄRENDIL, partis comme nous la veille, arrive à son tour au mouillage.

Boavista est l’une des îles les moins développées et les moins peuplées de l’archipel. Avec ses dunes de sables géantes et ses nombreux palmiers dattiers, elle a été décrite avec justesse comme « un petit morceau de Sahara à la dérive sur l’Océan Atlantique ». Cependant ses belles plages de sable blanc ainsi que ses spots de planche et de plongée (nombreuses épaves) attirent un nombre croissant de touristes, et de nombreuses constructions de résidences de vacances sont en cours…

La petite ville de Sal Rei est calme et paisible, aucun désagrément tel que ceux rencontrés à Praia.

Le mardi, nous prenons un aluguer jusqu’au village de Rabil, pour aller visiter un peu l’intérieur de l’île (ou du moins une partie).

(Oasis)


Nous traversons à pieds un autre petit village, et marchons jusqu’au désert de Viana. Paysages étonnants, et encore différents de ceux des autres îles ! Mais il fait une chaleur à crever !

(Le désert de Viana)


Le soir, apéro sympathique à bord de THORSSON avec Jean-Claude et Mireille, et Daniel et Françoise du catamaran PENELOPE, rencontré sur le mouillage.
Mercredi, nous passons la journée sur le bateau. Au village de Sal Rei, nous avons trouvé du fromage et quelque chose qui ressemble à du jambon, ce qui permet de préparer une bonne grosse pizza pour le déjeuner !

Puis nous profitons de l’eau claire pour aller faire un petit nettoyage à l’éponge de la coque, histoire que notre Thorsson soit le plus propre possible pour traverser l’Atlantique dans quelques jours !

Jeudi 13 décembre
Ce matin nous sommes partis de Boavista avec un vent de nord-est (15 nds) et nous sommes arrivés à l’île de Sal à 16h. La boucle est bouclée, retour à la case départ !
Demain nous récupérons nos deux équipiers qui arrivent à l’aéroport (Olivier le co-propriétaire du bateau, et Pascal). Ensuite, dernier ravitaillement en eau et produits frais, et direction les Antilles !

Je tâcherai de faire une dernière petite mise à jour du blog avant cette grande traversée qui nous attend !

jeudi 6 décembre 2007

De Sao Vicente à Santiago

Lundi 3 décembre, nous avons quitté la baie de Mindelo et l’équipage de BelleGaff, que nous comptons retrouver fin décembre/début janvier de « l’autre côté » à La Barbade.

Le vent d’est, annoncé forcissant dans les jours à venir, nous a fait revoir notre programme.
Le mouillage à Sao Nicolau n’était en effet pas envisageable avec du vent fort, compte tenu des violentes accélérations locales. D’un autre côté, rester « bloqué » à Mindelo une semaine de plus ne nous enchantait guère, et cela obligeait alors nos deux équipiers pour la transat à prendre un avion de Sal jusqu’à Mindelo pour nous rejoindre (car avec du vent d’est fort, hors de question pour nous de tirer des bords de près pendant 120 milles pour aller les récupérer à l’aéroport de Sal !)
Après plusieurs heures de réflexion, nous avons donc opté pour la troisième solution : un long bord de près, de Mindelo jusqu’à l’île de Santiago au sud de l’archipel.
Une navigation difficile, physique et éprouvante, d’autant plus que depuis quelques jours nos estomacs ne sont pas en grande forme (à cause de l’eau ou de la bouffe locale… !)
Au près dans 20 à 25 nœuds de vent et une mer agitée, impossible de faire chauffer à manger à bord. Au menu pendant cette traversée : pain, biscuits secs, yaourt et coca !
Mardi 4 décembre à 21h, après 27h de navigation au près serré, nous sommes arrivés dans la baie de Praia (au sud de l’île de Santiago). Le mouillage est bien protégé, quoiqu’un peu rouleur.
Depuis, c’est repos pour récupérer et tenter de soigner nos estomacs !

Ici, c'est encore plus l'Afrique : plus chaud, plus peuplé,...

On espère maintenant que la météo va se confirmer, à savoir du vent se maintenant à l’est et mollissant vers le 9, ce qui nous permettrait alors de remonter sur Boa Vista puis Sal afin de récupérer nos équipiers le 14.

Pas facile la navigation au Cap Vert !

samedi 1 décembre 2007

Santo Antao

Du mardi 27 au vendredi 30 novembre, nous avons laissé le bateau dans le port de Mindelo, pour aller visiter une partie de l’île de Santo Antao.
Située au nord-ouest de l’archipel, Santo Antao est la seconde île du Cap Vert à la fois par la taille et par l’altitude de son point culminant (1 979 m). Grâce à des précipitations plus abondantes qu’ailleurs, Santo Antao a la plus importante production agricole.
Le contraste est saisissant entre la côte sud de l’île, aride et peu élevée, et la côte nord avec ses profondes vallées luxuriantes et agricoles.
Autant Sal et Sao Vicente n’ont vraiment rien d’extraordinaire, autant Santo Antao, île de l’eau, des terrasses cultivées et du « grogue » (le rhum local), est vraiment spectaculaire !

Mardi 27 novembre

7h, les équipages de BelleGaff et Thorsson sont prêts (Romain, Cath, Vic leur équipière pour la transat, et nous) pour aller prendre le « ferry », direction Santo Antao. On a eu envie de voyager avec les locaux, aussi avons-nous choisi le vieux bateau capverdien tout rouillé plutôt que le joli ferry tout neuf pour européens…


La traversée, qui a duré une bonne heure dans 25/30 nœuds et une mer bien formée, fut animée. On retiendra que le Capverdien n’a pas le pied marin, et qu’il oublie parfois de se mettre sous le vent pour vomir, d’où quelques embruns…
Arrivés à Porto Novo, il nous faut chercher un aluguer (taxi collectif local), avec qui il faut toujours négocier le prix ! Et c’est parti direction le nord-est de l’île, par la route de la corde. Entièrement pavée, cette route de 40 km relie Porto Novo (au sud) à Ribeira Grande (au nord). C’est la « route aux 100 virages », sa construction a duré 13 ans !
A une vingtaine de kilomètres, nous descendons de l’aluguer pour commencer notre randonnée au niveau de Cova de Paúl, cratère circulaire parfait dont le fond est recouvert de champs cultivés.

Puis nous attaquons la descente dans la vallée de Paúl, par un petit sentier muletier qui descend une paroi verticale. Vertigineux !


Nous arrivons quelques heures plus tard dans le petit village de Chã de Manuel dos Santos, où nous trouvons une pension pour la nuit, chez Sandro.
L’après-midi se termine par une visite de cet endroit extraordinaire, avec ses petites maisons en pierre, ses murets et ses cultures en terrasses. Les chemins grimpent dur, et on est tous bluffés de voir les vieilles femmes capverdiennes grimper à un rythme soutenu, portant de lourdes charges sur la tête ! Quant aux enfants, ils marchent parfois plus d’une heure pour rejoindre l’école du village le plus proche.



Le soir, nous prenons notre repas chez Honorine, qui nous sert de la bonne soupe et du porc accompagné de pommes de terre, fruits à pain et manioc.


La soirée se termine chez Sandro avec dégustation de punches de toutes sortes (mais on n’a pas goûté à celui avec le cobra dans la bouteille), et guitare capverdienne.

Mercredi 28 novembre
Programme de la journée : descente dans la vallée jusqu’à Paúl. Entre cinq et six heures de marche. Dans la vallée de Paúl, l’eau venue de sources d’altitude coule en abondance et est dirigée dans des levadas qui courent le long des pentes, vers des parcelles cultivées. On produit ici le meilleur grogue du Cap Vert, mais qui fait malheureusement beaucoup de ravages en matière d’alcoolisme chez la population locale. De nombreux murets de pierres délimitent les parcelles en terrasse, où sont cultivées maïs, manioc, canne à sucre, goyaves, bananes, et autres légumes. Maïs et haricot constituent la base alimentaire du plat national, la cachupa.




On trouve aussi de nombreuses chèvres, des vaches, des poules un peu partout et des porcs dans de petits enclos en pierres. Steph et Romain ont fait beaucoup de progrès pour dialoguer avec tous ces animaux, en particulier leurs amis cochons, dont ils se sont parfois sentis tellement proches…


Le soir, remontée en aluguer jusqu’à notre pension.

Jeudi 29 novembre
Nous rejoignons en aluguer le petit village de Cruzinha, toujours sur la côte nord. La route empruntée fut là encore extraordinaire, on se demande même comment on peut avoir l’idée de faire passer une route dans un tel relief !



Puis randonnée jusqu’à Ponta do Sol, un peu plus à l’est, par un chemin pavé à flanc de falaise et surplombant la mer. Six heures de marche, des paysages moins luxuriants que la veille mais tout aussi spectaculaires.





Nous trouvons une pension à Ponta do Sol pour passer la nuit.

Vendredi 30 novembre
Dernier jour à Santo Antao. Nous attrapons un aluguer pour retourner prendre le bateau à Porto Novo.
Le retour par la fameuse route de la corde restera sans doute un souvenir inoubliable, même si notre chauffeur avait tendance à attaquer un peu trop dans les virages ! La route surplombe par endroit des précipices vertigineux, et offre une vue spectaculaire sur les profondes vallées du nord-est. Impressionnant !
Et c’est l’heure du retour vers Sao Vicente avec le ferry, le tout neuf cette fois-ci !

Au port de Mindelo nous retrouvons nos bateaux (qui n’ont pas bougé !) et la soirée se termine sur Thorsson autour d’une pasta party

Le programme pour la suite : point d’interrogation pour l’instant. Nous voulions aller au mouillage à l’île de Sao Nicolau, puis aller ensuite sur l’île de Boa Vista. Mais la météo prévoit du vent fort dans quelques jours. Nous allons donc peut-être revoir notre programme…

PS : prochainement, plus de photos et des films de Santo Antao sur www.levoyagedebellegaff.fr !